Il y a un moment de cela, avant la production du jeu, j'ai commencé à faire quelques dessins de personnages dont nous nous étions dits, avec Cyril d'Ystari, qu'ils pourraient être utilisés pour le jeu.
Assez vite, j'ai eu le souhait de ne pas m'enfermer dans une réalité historique étroite (celle de la Révolution Industrielle en Angleterre)... d'autant que je sortais d'une série de dessins dans le Londres de Sherlock Holmes, et s'il est vrai que je trouvais intéressant d'explorer encore cet univers, en couleurs, cette fois, j'avais aussi le désir de différencier cette nouvelle série de la précédente.

Mon idée a donc été de "simuler" une époque plutôt que de la reconstituer et d'être dans la représentation fantasmatique plus que dans le travail documentaire. Très vite, j'ai su que je créerais (ou tenterais de le faire) un univers plus uchronique qu'historique, et ce d'autant que dans mon idée de départ, j'avais envie d'une esthétique un peu "Art Nouveau". Assez naturellement, cela s'est teinté d'une nuance de ce qu'on pourrait qualifier de steampunk... Cependant, l'idée était bien qu'il n'y en ait qu'un "soupçon", d'autant que je ne suis pas certain que le terme corresponde parfaitement à l'imaginaire qui a prévalu ici. Disons plutôt que l'influence de Jules Verne, d'HG Wells se sont sans-doute fait sentir... et que c'est un ADN partagé avec le steampunk.
Par ailleurs, j'imaginais assez bien une époque où les personnages célèbres, architectes à la "Gustave Eiffel", scientifiques à la "Louis Pasteur", écrivains à la Victor Hugo", seraient "statufiés" comme des héros nationaux, voire représentés sur leurs portraits comme sur des affiches de propagande. C'est pourquoi dans la série de personnages que j'ai réalisés, ils ont pour certains des poses hiératiques, voire héroïques... ce sont les poses dans lesquelles j'imagine que leurs contemporains auraient pu les immortaliser. Je me suis d'ailleurs beaucoup inspiré de photos anciennes et de statues de personnages célèbres.

Bref, l'univers n'a pas véritablement posé problème, d'autant que mon imaginaire a eu la chance de trouver "preneur" chez Ystari, puisque la mécanique-même du jeu et ses enjeux (avec l'idée de ce minerai imaginaire, le Spyrium) concordait avec cette idée d'uchronie.

En revanche, créer des personnages "emblématiques" de leurs professions respectives et suffisamment distinctifs pour qu'on les reconnaisse dans ce qu'ils sont n'a pas été aussi simple. Comment distinguer un architecte d'un maître architecte ? Quels objets, symboles, attributs donner à un apprenti ?... à un bureaucrate ? C'est cette création-là qui s'est révélée la plus stimulante. J'en ferai d'ailleurs certainement l'objet de mon prochain billet, histoire de partager mes interrogations, mes doutes et les choix que j'ai faits.

Les dessins illustrant le présent billet sont donc les créations résultant de ce "pot-pourri" cérébral. Il convient de noter qu'ils sont différents des visuels qui figureront dans le jeu. En effet, un jeu répond à des exigences particulières, en terme de jouabilité (merci M. de La Palice) et de lisibilité, qui nécessitent un usage différent des dits dessins.